Plathelminthes terrestres, des vers invasifs
Conférence sur les Plathelminthes terrestres invasifs par Jean-Lou Justine, mars 2018. Attention, c'est long, plus d'une heure.
Le plathelminthe terrestre a été signalé à plusieurs reprises en commentaires sur le blog
Importé de différentes régions du monde, sans doute dans des pots de culture, le plathelminthe terrestre est une espèce invasive pouvant nuire considérablement à la biodiversité et en particulier aux populations de vers de terre.
Surtout présente dans les régions côtières en 2014, l'espèce Obama nungara, la plus virulente, se propage aujourd'hui de façon inexorable sur tout le territoire...
Je n'ai pas pour habitude de parler de ce que je ne connais pas, ayant opté depuis les débuts de ce blog pour une approche basée avant tout sur une expérience concrète des choses (et, soit dit en passant, je me conforte dans ce choix quand je constate que plusieurs blogueurs, que je ne nommerai pas, ayant débuté peu ou prou en même temps que moi, ont revendu leurs sites à des agences de référencement... qui n'ont évidemment d'autres buts que de faire de l'argent en surfant sur la vague du jardinage naturel... mais dont l'inexpérience et l'incompétence transpirent à chaque nouvel article publié).
Mais, pour ce qui concerne ce fameux plathelminthe, la pression est forte !
Je
vais donc faire une entorse à ma ligne éditoriale pour aborder ce sujet
inquiétant en me basant, non pas sur ma propre expérience (je n'ai
encore jamais vu de plathelminthe), mais sur des témoignages de lecteurs
ainsi que mes recherches .
Qu'est-ce que le plathelminthe terrestre ?
Le plathelminthe terrestre regroupe en fait plusieurs espèces :
- Obama nungara est l'espèce la plus répandue en France. On le trouve en effet dans 72 départements, et il est particulièrement présent sur toute la bordure Atlantique. Originaire d'Argentine pour les individus introduits en France, Obama nungara, est un ver plat d'environ 5cm de long et de couleur marron (de marron clair à presque noir); il sort la nuit et se nourrit principalement de vers de terre et de mollusques
- Caenoplana variegata est originaire d'Australie et se nourrit notamment de cloportes, de myriapodes et d'araignées. On le trouve dans le Midi et en Bretagne. Il est de forme allongée (de 5 à 12 cm de long) et a une bande jaune caractéristique sur le dos
- Parakontikia ventrolineata a probablement été introduit en France à partir du sud de l'Angleterre mais serait également originaire d'Australie. Il mesure de 1 à 5 cm, avec un dos presque noir mais parsemé de lignes plus clairs. Particulièrement présent en Bretagne, on le trouve aussi dans le Midi. Il aime se réfugier dans les trous fait par les limaces dans les fraises...
- Caenoplana coerulea vient également d'Australie mais aurait transité par l'Espace pour les spécimens présents sur le territoire français. Très allongé (de 5 à 10 cm), son dos est noir avec une rayure plus claire, alors que son ventre est bleu. Il a été observé en Loire-Atlantique, en Charente-Maritime, en Haute-Garonne ainsi que dans les Pyrénées Orientales
- Les Bipalium , regroupant plusieurs espèces (au moins 3 sont présentes en France) géantes (de 20 à 40 cm de long). Elles proviennent d'Asie du Sud et ont une tête en forme de marteau
- Platydemus manokwari nous vient de Nouvelle-Guinée. En France métropolitaine, elle est présente dans un seul endroit, les serres du Jardin des Plantes de Caen... mais elle se répand dans les Antilles. Elle se nourrit d'escargots et de vers de terre
En quoi le plathelminthe est-il problématique ?
L'espèce la plus problématique est à ce jour Obama nungara (mais les autres espèces citées ci-dessus n'en sont pas pour autant à négliger).
Très discret de par sa couleur marron et sa petite taille, et sans doute parce ce n'est pas bon (il parait qu'il a un goût « exécrable »... au dire de ceux qui l'ont goûté ?), Obama nungara n'a pas de prédateurs naturels en Europe...
Il se reproduit aussi très vite !
Et en devient ainsi particulièrement invasif.
Or, comme nous l'avons vu, les plathelminthes terrestres se nourrissent notamment de vers de terre (mais pas seulement - d'autres populations animales du sol sont aussi en danger)... qu'ils dévorent dès qu'ils en croisent !
Certains ont déjà pu constater une forte diminution de populations de vers de terre dans le sol de leurs jardins, au profit de cet envahisseur.
Rappelons simplement que les vers de terre sont indispensables à la vie du sol...
Stopper l'invasion devient donc semble t-il un impératif.
Mais aucune solution, ni naturelle, ni chimique n'est à ce jour homologuée.
Et écraser l'individu repéré ne servirait pas à grand chose (si vous en avez chez vous, ils se trouvent sans doute déjà en nombre dans le sol...).
Alors que faire ?
Que faire si vous découvrez un plathelminthe ?
Pour le moment, la seule approche envisagée consiste à cartographier l'invasion... notamment afin d'essayer d'en mesurer les conséquences.
Pour cela, notre participation, dès que nous trouvons un plathelminthe est essentielle.
Le professeur Jean-Lou Justine, de ISYEB (Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité) se charge de ce travail de collecte de données.
C'est donc à lui que vous devez communiquer vos informations.
Voici comment procéder :
- prenez le plathelminthe en photo
- récoltez l'individu (sans le prendre avec les doigts) et mettez-le dans une petite boite hermétique
- contactez Jean-Lou Justine. Il vous expliquera comment procéder...
contactez Jean-Lou Justine
Pourrons-nous un jour endiguer cette invasion ? Probablement pas...
Quelles en seront les conséquences à terme ? L'avenir nous le dira...