
Module n°9
En permaculture, on utilise le paillage pour limiter les arrosages et économiser l'eau. Néanmoins, cela n'est parfois pas suffisant pour se passer complètement d'arrosage. Dans ce module, nous allons donc aborder la gestion de l'eau et l'irrigation des planches de culture.
Bonne lecture !
Module n°9 : gérer la ressource en eau
Pourquoi se donner du mal à récupérer l'eau de pluie ?
Utiliser l'eau potable du réseau est coûteux et risqué
: d'une part, vous la payez quand elle peut être gratuite en tombant du
ciel, d'autre part on utilise de l'eau potable pour alimenter une
plante qui n'est pas aussi exigeante que nous sur la qualité de l'eau
qui lui convient, et enfin, on se retrouve piégé lors des interdictions
d'arroser les jardins en été lors des périodes de sécheresse (qui ne
feront que s'intensifier !). Lorsque l'on est dépendant du réseau pour
arroser, on est vite tenté de transgresser la règle pour ne pas laisser
le jardin mourir de soif, mais ces pratiques nuisent à tout le monde...
Cela ne signifie pas qu'il faut culpabiliser d'utiliser l'eau du réseau
pour arroser son jardin, mais qu'il faut réfléchir à comment s'en
émanciper, afin de cultiver cette notion d'autonomie.
Chaque année, se sont en effet plusieurs dizaines, voire centaines de mètres cubes d'eau qui tombent sur notre terrain. Sans captage et stockage de cette eau, elle repart tout simplement dans les cours d'eau. Alors, nous ponctionnons les nappes phréatiques pour couvrir nos besoins, qui par conséquent, ont de plus en plus de difficultés à se remplir... Le serpent se mord la queue ! Ce qui nous semble encore plus absurde, c'est qu'en milieu tempéré, le toit d'une maison reçoit largement assez d'eau pour satisfaire les besoins de ses habitants. Pourtant, cette eau n'est ni récupérée ni filtrée... Cela atteste bien de la gestion plus que catastrophique de l'eau dans notre société...
La meilleure façon d'agir à son échelle, donc, c'est de stocker ! Ainsi, n'hésitez pas à faire de la récupération d'eau votre priorité !
Comment récupérer et stocker mon eau de pluie ?
Pour récupérer de l'eau, tous les moyens sont bons.
Un bassin improvisé bon marché
Ici, nous avons profité d'une livraison de broyat de végétaux pour
créer des rebords en broyat. Nous avons ensuite placé une bâche, et
voilà un bassin qui capte plusieurs mètres cubes pour quelques dizaines d'euros, sans creuser !
Il est intéressant de se servir du toit de sa maison pour récupérer l'eau de pluie en dérivant les gouttières.
On peut alors facilement calculer combien d'eau l'on récupèrera en
moyenne selon les années. Pour faire ce calcul, on mesure la surface du
toit, et on la multiplie par la pluviométrie moyenne. On soustrait un
petit pourcentage d'erreur et on arrive à notre volume d'eau récupérable
par an.
Pour stocker cette eau, on peut se procurer des bacs rectangulaires comme ceux sur la photo ci-dessous, en demandant à des usines par exemple, mais la liste d'attente est souvent très longue ! À l'achat neuf, ces bacs sont assez onéreux. On peut les trouver sur leboncoin, d'occasion.
Creuser un bassin
Le plus efficace reste d'économiser un peu et de faire creuser un bassin si vous avez la place. S'il n'est pas possible de créer une mare naturelle, on déposera un grillage fin au fond si possible, pour éviter aux rongeurs de percer les bâches, puis on ajoutera une couche de sable, et enfin la bâche.
Si vous avez la possibilité de créer votre bassin, essayez de le creuser en amont de votre potager si votre terrain est en pente. Ainsi, vous pourrez plus facilement gérer votre flux d'eau grâce à la gravité. Il sera alors possible, si le dénivelé est assez important, d'arroser en goutte-à-goutte sans électricité.
À défaut d'avoir un grand bassin de récupération d'eau, on pourra limiter les arrosages et être réactif en cas d'orage l'été !
Étudier la topographie de son terrain
Pour mieux capter l'eau, il est important de savoir par où elle rentre sur votre terrain : en amont si votre terrain est en pente, sur votre toit, etc.
Vous pouvez suivre son cheminement jusqu'à la sortie de votre terrain
et chercher à la capter le plus possible, à la retenir, grâce à la
création de petites mares, de baissières, etc. De plus, en créant de
multiples retenues d'eau sur votre terrain, vous permettrez à la faune
et la flore de s'épanouir !
En attendant : la débrouille !
En attendant de mettre en place l'une ou plusieurs des précédentes solutions, vous pouvez dès à présent mettre en place de bonnes habitudes : récupérer vos eaux de cuisson, vos eaux utilisées pour laver les légumes, l'eau des ballons d'eau chaude pour ceux qui n'ont pas de vase d'expansion, multiplier les cuves et autres récipients de récupération pour conserver l'eau... Si l'on est rigoureux, on peut récupérer énormément d'eau à la maison ! Pour éviter de trop solliciter le réseau d'eau potable, vous pouvez bien évidemment limiter les arrosages au strict nécessaire et faire preuve de réactivité lors des orages d'été en utilisant au plus vite les petits récipients qui se rempliront vite !
Et l'irrigation des planches de culture ?
Investir dans du matériel d'irrigation est intéressant, notamment pour réduire le temps passé au jardin. Une irrigation automatisée peut même vous permettre de partir sereinement en vacances, même si votre sol a tendance à s'assécher en été. Plus généralement, elle peut aussi permettre de s'extraire de cette obligation d'être absolument présent pour arroser votre jardin chaque semaine. L'arrosage à l'arrosoir ou au tuyau peut être considéré comme une activité relaxante, où l'on prend le temps d'observer son jardin. Néanmoins, il est intéressant d'avoir un plan de secours en cas d'imprévu. On peut alors créer une irrigation automatisée avec des minuteurs et investir dans des systèmes de goutte-à-goutte, certes assez onéreux, mais qui permettent d'économiser l'eau. Ils peuvent durer très longtemps si l'on en prend soin.
Le principe est d'arroser les plantes sous le paillage, afin d'éviter les phénomènes d'évaporation. L'eau descend directement aux racines sans avoir à traverser le paillage, où elle sera souvent en partie perdue. Ici tout dépendra de la taille de votre potager. Quelques dizaines de mètres carrés pourront facilement être arrosés au tuyau sans y passer trop de temps. Pour les plus grands potagers, le goutte-à-goutte prend tout son sens. On peut gérer chaque tuyau et contrôler précisément l'irrigation, ce qui permet à la fois d'économiser l'eau, mais également de gagner du temps !
Alors, comment envisagez-vous la récupération et le stockage de l'eau de pluie sur votre terrain ?
N'hésitez pas à nous poser vos questions en commentaire