Module n°5

Labourer, bêcher, sarcler, désherber... Toutes ses actions représentent bien du temps et de l'énergie dépensée pour obtenir une terre propice aux cultures... Ces gestes, consistant à travailler le sol, sont rendus inutiles grâce à l'adoption du travail biologique du sol.

Mais si le jardinier ne travaille plus le sol, qui le fera ? Retrouvez la réponse à cette question dans le module qui suit !

Bonne lecture !

Module n°5 : le non-travail du sol, ou travail biologique du sol

Le travail biologique du sol est une bénédiction pour le jardinier préférant passer du temps à observer les insectes et les plantes plutôt qu'à bêcher ou encore désherber. En effet, il offre la possibilité de cultiver des plantes avec le moins d'entretien possible.

Comment ? Grâce à la présence d'un paillage sur le sol de votre potager

Couvrir le sol par du paillage produit des effets notoires dont le jardinier paresseux pourra s'enorgueillir ! Intéressons-nous à trois paramètres majeurs qui nous guideront dans cette pratique : le désherbage, le travail biologique du sol et l'eau.

Des besoins en désherbage très réduits

Comment le sol parvient-il à rester si « propre » grâce au paillage ?

C'est en observant la nature sans intervention humaine que l'on trouve l'inspiration applicable à nos potagers !

Dans les forêts de feuillus, le sol est tapi de feuilles mortes. Si vous avez déjà gratté sous cette couche de feuilles, vous êtes sûrement tombé sur l'humus, une matière foncée et légère composée de feuilles compostées. Dans cet humus, aucune plante ne pousse. Pourquoi ? Parce que couvrir le sol empêche la germination des graines !

En effet, en présence d'un paillage (dans les forêts, ce sont les feuilles mortes), plus de 90% des graines d'adventices ne germent pas. Elles restent dans le sol, en dormance, en attendant qu'un événement quelconque vienne mettre le sol à nu : un arbre qui tombe, un coup de bêche...

Une culture de blette paillée avec de la tonte séchée permettra un développement rapide des plants, à l'abri des repousses d'indésirables.

Adventice : une plante adventice est simplement une plante que l'on ne désire pas à un endroit précis. On peut opposer cette définition à celle de mauvaise herbe, ayant une connotation négative. En effet, les adventices sont pour la plupart comestibles et médicinales. Elles ne sont donc pas mauvaises, mais simplement opportunistes et là où on ne les désire pas ! Pour reconnaître les adventices, l'application «Plantnet» est très utile pour les débutants, même si vous devez recroiser vos sources. Par ailleurs, ne consommez pas de plantes sauvages si vous n'avez pas pu formellement les identifier !

Néanmoins, il faudra bien s'occuper des adventices restantes qui parviendront à germer malgré le paillage...

Certaines adventices annuelles ne posent aucun problème : elles sont faciles à détruire, produisent de la biomasse, favorisent la biodiversité, et ne concurrencent que rarement les cultures potagères.

D'autres adventices vivaces, en revanche, donneront du fil à retordre au jardinier par leur caractère envahissant. Attention donc au liseron, chiendent, potentille notamment qui possèdent des réserves dans leurs racines et ont la faculté de ressortir du paillage. Elles se retrouvent alors seules, sans concurrence avec d'autres adventices, et peuvent envahir totalement la zone ! Vous devrez donc veiller à ce qu'elles disparaissent de vos planches de cultures les premières années. Ainsi, les futures qui oseraient germer et sortir du paillage seront jeunes, leurs racines encore faibles, et vous n'aurez aucun mal à les enlever.

Cependant, il n'existe aucune obligation à supprimer toutes les adventices. Chaque jardinier aura le loisir de choisir lui-même celles qu'il souhaite laisser : par exemple, certains n'apprécieront pas le mouron, d'autres le mangeront ; certains laisseront s'épanouir les soucis qui sont comestibles et attirent de nombreux insectes, etc. !

Avec le temps, vous constaterez que la nécessité de désherber diminuera, sauf généralement lors de la réalisation de semis directement en pleine terre qui nécessitent l'ouverture d'un sillon, et donc un petit désherbage dû à la germination de graines.

Pour éviter cela, et si vous disposez d'assez de compost, vous pourrez réaliser des semis sur compost pour ne pas avoir à mettre le sol à nu : écartez le paillage, déposez 1 cm de compost, semez directement sur le compost, sans toucher le sol, et déposez 1/2 cm de compost sur la ligne de semis ! Avec cette méthode, il faudra néanmoins veiller à maintenir le compost bien humide : ce dernier a tendance à sécher, ce qui peut être fatal pour les graines en germination.

Pour conclure sur le désherbage, nous préciserons tout de même que, si votre potager est vraiment petit, vous gagnerez en production si vous contrôlez minutieusement les plantes qui poussent sur vos planches de culture en limitant au maximum les adventices.

Cette observation minutieuse est assez simple à réaliser dans un petit potager, mais si vous dépassez les quelques centaines de mètres carrés de surface cultivée, il devient difficile d'avoir les yeux partout ! Mieux vaut donc une petite surface bien maîtrisée, qu'une grande surface peu productive !

Le travail du sol par les organismes et microorganismes

Revenons au point soulevé à l'introduction de ce module. Si ce n'est plus le jardinier qui travaille son sol, qui le fera à sa place ?

En fait, dans un sol nourri et paillé, le travail du sol est réalisé par les organismes et les micro-organismes vivants présents dans le sol. D'un travail mécanique du sol, réalisé par le jardinier à l'aide d'un outil, nous arrivons à un travail biologique du sol. Les organismes vivants du sol, en se déplaçant, en se nourrissant, et en faisant leurs besoins, créent une structure aérée, meuble et solide à la fois. Cela est rendu possible en partie grâce à leurs différentes sécrétions, comme les colloïdes qui ont un rôle dans la création du complexe argilo-humique et sur la structure du sol. Les colloïdes sont des sortes de « colles » qui permettent d'agglomérer les particules du sol entre elles et de créer une structure stable. À titre d'exemple, la pectine est un colloïde : elle permet à la gelée de bien se tenir !

Dans un potager sans travail du sol, on chercher à rendre la structuration du sol autonome par sa couverture et l'apport de matière adaptée. Dans un potager avec travail du sol, on travaille le sol à chaque nouvelle saison pour créer une structure artificiellement propice à la culture de nos légumes.

Une partie importante du travail se fait donc tout seul ! Mais il faudra, selon les sols, quelques années avant que cette structure aérée se forme. On pourra alors décompacter légèrement le sol chaque année sans le retourner, à l'aide d'une bêche ou d'une grelinette. Cela est important selon nous, car une bonne partie des problèmes de culture des légumes sont liées à des carences induites par le tassement du sol.

Les seules interventions du jardinier au potager deviennent alors la plantation et le semis des légumes, l'ajout de paillage, le désherbage, et l'arrosage s'il est nécessaire. Enfin, nous n'oublierons pas de récolter !

Même si ne pas récolter fait aussi partie de la vie d'un potager qui se veut autonome : vous pouvez laisser certaines plantes comme les salades monter en graines afin qu'elles se ressèment un peu partout dans le potager. En effet, en laissant le maximum de légumes monter à graines, beaucoup de légumes prêts à germer vont se retrouver sur le sol du potager.

Avec le temps, les adventices que vous croiserez seront alors en partie des salades, des radis... Qu'il faudra choisir de laisser pousser ou de supprimer si elles vous gênent. Aussi, il restera toujours des herbes sauvages qu'il est important de préserver en les laissant monter à graines tant qu'elles ne sont pas envahissantes !

Des économies d'eau

Grâce à la présence du paillage, vous allez réaliser des économies d'eau ! En effet, le paillage limite grandement l'évaporation de l'eau dans l'air. Ainsi, les plantes seront moins sensibles au stress hydrique et plus résistantes face aux aléas climatiques. Avec un potager sans travail du sol, vous n'aurez plus besoin de biner pour aérer la terre pour permettre à l'humidité de pénétrer.

La présence d'un paillage ne vous dispense tout de même pas d'arroser votre potager, notamment si vous évoluez sur un sol ayant une faible rétention en eau ! Sur des sols argileux en revanche, il est possible de cultiver des légumes sans aucune irrigation, mais le paillage doit être présent et abondant ! Voici une vidéo de la ferme de Cagnolle.

Une fois de plus, un équilibre de l'écosystème se dessine. Le jardinier tient son rôle de chef d'orchestre : il guide l'ensemble et effectue des mesures d'ajustement si nécessaire, mais il limite au maximum ses interventions.

Alors, convaincu par le non-travail du sol ?

Plutôt que d'être considéré comme un dogme, le non-travail du sol doit être perçu comme une manière de gagner du temps et de favoriser le développement de la vie dans son écosystème !

N'oubliez pas, le non-travail du sol est un objectif en soi. N'ayez pas peur de le travailler au début si vous le jugez nécessaire : sol trop compact, ou encore, envie de l'ameublir ou de le nettoyer. Gardez simplement à l'esprit que moins vous y toucherez, meilleure sera la santé et la fertilité de votre sol !

Enfin, sachez que dans certains contextes, le paillage est contre-productif : si après quelques années, votre potager est envahi de rat-taupiers, que les limaces sont incontrôlables malgré vos efforts à créer des niches pour leurs prédateurs, essayez de revenir à une méthode plus classique. Évitez de disposer 20 cm de paillage, mettez-en moins, retirez le paillage sur certaines cultures délicates notamment durant les périodes critiques, etc...

Dans le module qui suit, nous abordons la fertilité du sol ! La comprendre, l'estimer, etc. Mais pour l'heure, n'hésitez pas à poser vos questions !

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